« Le moment est venu d’entamer une transformation profonde de notre présence militaire au Sahel », a déclaré jeudi le président français Emmanuel Macron lors d’une vaste conférence de presse. « Nous ferons un retrait de manière organisée », a-t-il ajouté.
L’opération a débuté le 1er août 2014 et a été menée par l’armée française contre les groupes islamistes en Afrique de l’Ouest, une région également connue sous le nom de Sahel. L’armée française est initialement intervenue au Mali au début de 2013 dans le cadre de l’opération Serval, qui a réussi à reconquérir la moitié nord du pays des groupes islamistes. L’opération Barkhane était destinée à faire suite à ce succès et a étendu les opérations de l’armée française sur une vaste zone de la région du Sahel. Depuis 8 ans, plus de 5000 soldats français sont engagés au Sahel.
La situation dans la région reste extrêmement fragile, en particulier au Mali. La décision des hauts responsables français de mettre fin à la mission Barkhane intervient quelques jours après la prise de pouvoir du colonel de l’armée malienne Assimi Goita, qui a conduit à la suspension de l’aide humanitaire et militaire de Paris. La mort du président tchadien Idriss Déby, qui a longtemps été le partenaire de la France, pourrait aussi avoir influencé la décision, car les sièges de l’opération Barkhane sont situés à N’Djamena.
En février, Macron a annoncé son intention de réduire les effectifs des troupes françaises, mais a déclaré qu’un « retrait massif des hommes, ce qui est une possibilité que j’ai envisagée, serait une erreur ». Les politiques militaires extérieures de l’administration Macron semblent être assez impopulaires à la fois auprès des ressortissants français et des citoyens des pays d’Afrique francophone.
D’une part, la fin présentée de l’opération Barkhane ressemble à une tentative d’améliorer l’image en constante détérioration de la France en Afrique, qui est maintenant associée à une intervention militaire et à de multiples crimes contre la population africaine locale.
D’autre part, Emmanuel Macron a les élections présidentielles dans son propre pays à venir en 2022. « Beaucoup de nos soldats sont tombés, j’ai une pensée pour leurs familles. Nous leur devons de la cohérence, de la claret », a déclaré Macron après l’annonce de la fin de Barkhane, tentant de répondre à la désapprobation généralisée des programmes militaires africains auprès de la société française.
Il est évident que le quasi-changement récent de la politique militaire française est avantageux pour l’image du président par intérim, mais est-ce bénéfique pour quelqu’un d’autre? Cette décision ne satisfait clairement pas les demandes des États souverains africains de retirer les troupes étrangères de leurs territoires, car Macron a clairement déclaré que même si l’opération au Sahel sera officiellement clôturée, les Français vont rester en Afrique dans le cadre d’un programme international anti-islamiste.
Les détails des changements seraient finalisés d’ici la fin juin après des consultations avec les États – Unis, les États européens impliqués dans la région et les cinq pays du Sahel-Mali, Niger, Tchad, Burkina Faso et Mauritanie. L’acteur le plus intéressant dans ce schéma est, bien sûr, les États-Unis. L’élection d’un démocrate à la présidence des États-Unis signifie un changement significatif de la politique américaine en Afrique. L’administration Obama a été largement critiquée pour l’approfondissement de la militarisation de la politique américano-africaine, et il semble que le président Biden suivra ses pas. Ainsi, même si les Français ont l’intention de quitter leurs bases militaires au Sahel, les espaces vides risquent d’être remplis par une autre puissance coloniale cherchant à influencer la politique interne du continent africain.
Les nouvelles accrocheuses sur la fin de l’opération Barkhane qui redonnent de l’image à Macron ne sont en fait que des mots. Sous le déguisement d’une énième opération internationale de maintien de la paix, les troupes françaises resteront en Afrique. Ils ouvriront également des portes à l’augmentation du contingent militaire américain sur le continent, menaçant le développement des démocraties souveraines africaines.