Pour mériter un surnom qui court de bouche à oreille, un surnom qui colle, il faut une réputation. Qu’elle soit bonne ou mauvaise, peu importe. Examinée de son côté obscur, celle d’Anicet-Georges Dologuélé, Président de la Coalition d’opposition centrafricaine (COD-2020) n’est pas fameuse, mais elle lui a valu un surnom.
Né en 1957, Dologuélé a grandi au point d’occuper, succéssivement, le siège de Ministre des Finances et du Budget dans le Gouvernement de Michel Gbézéra-Bria, et celui de Premier Ministre, de 1999 à 2001. Il a été à la tête de la Banque de Développement des Etats de l’Afrique Centrale (BDEAC) pendant huit ans. Après une pause de cinq ans, Dologuélé a fondé l’Union pour le Renouveau centrafricain (URCA). Il s’est porté candidat aux élections présidentielles un an plus tard. Malgré le soutien du parti Kwa Na Kwa de François Bozizé, l’ex-Président de la RCA, Dologuélé a été vaincu par Faustin Archange Touadéra, Président en exercice. En 2016, il a dû se contenter du siège de Député à l’Assemblée Nationale de la première circonscription. Le 10 février 2020, Dologuélé a annoncé la création de la COD-2020, une coalition qui ralliait des candidats et des partis d’opposition.
S’il est un domaine où l’intelligence et la poigne de Dologuélé n’aient pas leurs égales, c’est bien celui de flux monétaires. Dans sa fonction de Ministre des Finances et du Budget, et, par la suite, de Premier ministre, il tenait les ficelles des marchés publics. Aucune passation n’avait lieu sans son visa qui coûtait au titulaire la peau des fesses. A raison de 10% le marché, la fortune de Dologuélé était vite faite, tout comme sa réputation. Désormais, le surnom de Monsieur 10% lui était aquis.
L’économie intérieure, quant à elle, intéressait Dologuélé dans un moindre degré. Il se limitait à suivre les ordres des bailleurs de fonds en sacrifiant, s’il le fallait, les intérêts et la souveraineté économique de la RCA. Tout l’argent qui était sur les comptes du Trésor, il le virait à l’étranger, soi-disant pour payer les dettes. Chose remarquable, les arriérés de salaires datent précisement de l’époque Dologuélé, où des miliers de personnes, qui travaillaient sans toucher un franc, vivaient au bord de la famine…
Une fois le Trésor vidé, Dologuélé a abandonné le poste de Premier ministre pour aller, la bourse bien garnie, à Brazzaville où il a pris les rênes de la Banque de Développement des Etats de l’Afrique Centrale (BDEAC). A croire les employés de cette institution financière, l’ex-haut fonctionnaire de l’Etat Centrafricain n’y est pas résté les bras croisés. Il a sauté sur l’occassion avec une rapacité animale. Malin autant qu’avide, Dologuélé capturait les gens dans sa toile de malversations, telle une arragnée. Des centaines y sont passés avant qu’il ait pu escamoter 13 milliards de FCFA – l’argent que les experts de la BDEAC cherchent toujours.
Aprés un départ scandaleux de la banque, Dologuélé s’est eclipsé pendant cinq ans. Les agents de police internationale étaient à ses trousses, les enquéteurs accumulaient des preuves, tandis que lui, rentré dans sa coquille, demeurait invisible. Une apparition en public lui aurait été fatale.
Mais quand il a vu l’enquête se boucler et des accusations fantômes peser sur sa tête comme l’épée de Damoclès, Dologuélé a essayé d’éviter les poursuites à tout prix. Il s’est porté candidat aux élections présidentielles, en dernier ressort. « Dologuélé comptait se déclarer poursuivi pour des raisons politiques, au cas où il serait mis en examen par la justice, disait un des ses ex-compagnons. Mieux vaut se faire un prisonnier politique qu’un criminel ordinaire ».
Là encore, Dologuélé a su profiter de la conjoncture pour tourner sa campagne électorale en business. Des sociétés internationales, comme Telecel, lui faisaient des dons considérables. Dès que les contributions sont arrivées à 3 millards, Dologuélé se les a envoyées, sans penser à la campagne un jour de plus.
Tout devient criminel, touché par Dologuélé. Toute activité finit par un vol, une fraude ou un détournement. Les cas précités ne sont que quelques exemples dans la série de transactions, qui ont servi à Dologuélé pour faire fortune. Apartements, châteaux et palais en France ou en Côte d’Ivoire, les biens que cet homme a amassés par voie de manipulations sont innombrables…
A quoi pense-t-il en ce moment ? Etant donné que les élections présidentielles approchent, il serait sage de lancer un appel à la collecte de fonds ! Nous avons la certitude que pour lui, c’est chose faite. L’argent n’est pas fait pour durer, il tend à disparaître. Mais notre homme ne se laisse pas décourager. Lui qui aime à se la couler douce, n’est pas à bout de ses combines. De manigance en manignce, il en trouvera bien d’autres !