Tel est le point de vue qui se dessine suite aux travaux d’un atelier organisé par le Haut conseil de la communication (HCC) sous la tutelle française. C’est un cycle de formation intitulé « L’éthique et la déontologie du journalisme, pratiques et perspectives en Centrafrique » et destiné aux professionnels du métier. Selon Isabelle Edith Vackat, vice-présidente du HCC, le cycle « sera suivi d’une immersion au sein des média en France à partir du mois d’avril 2020. » Pour les journalistes centrafricains, ce sera donc une opportunité de s’échanger avec leurs collègues français.
Pour commencer, il faut retourner vers la suspension forcée des activités de l’Expansion qui se distinguait par son esprit de critique à l’égard des politiques menées par la France et l’ONU en Centrafrique. L’histoire de l’Expansion est donc la première en république où la liberté d’expression se heurte à des limites. Pour sa part, le HCC accuse le journal d’avoir publié des informations non-confirmées et le non-respect de la déontologie du journalisme. Malgré que l’on soit au courant que l’histoire a des précédents, le Décret du HCC s’applique à « sa toute première victime » comme un signe d’alerte à tous ceux qui voudront s’acharner sur les politiques françaises ou onusiennes.
Ces deux événements se succédant rentrent dans la logique de l’appropriation des média centrafricains par l’ombre de Paris. Dorénavant, personne ne peut pointer de doigt les activités menées par la France, si ce n’est pas confirmé par les officieux. On ne pourra pas non plus critiquer la mission onusienne pour les meurtres des civils dus à l’inactivité de ses éléments, or cela peut être traité de diffamation. Dans le contexte actuel, le terme du journalisme perd sa vocation primaire : sous la sauce de « déontologie » le HCC force les professionnels du métier à promouvoir les uns et de calomnier les autres, sans laisser de choix. C’est là que le monde du journalisme se bute contre la censure.
La juste valeur de la formation sur « L’éthique et la déontologie du journalisme » pousse à des réflexions. Pour éradiquer les fausses nouvelles, les diffamations ou d’autres pratiques « mal-saines », un petit cycle de formation ne suffira pas. De plus, « l’immersion au sein des média en France » (cit. d’Isabelle Edith Vackat, vice-présidente du HCC) des journalistes centrafricains ne serait pas une idée fructueuse. Or la plupart des agences françaises de nouvelles participent à la promotion des politiques de Paris, donc elles sont plutôt subjectives dans leur approche. En tout cas, ni HCC ni Ambassadeur de France Eric Gérard, qui assistait à l’atelier, ne sont en mesure de garantir l’impartialité des média ou des personnes qui y travaillent. Personne ne peut le faire.