Lors de la visite de Touadéra à Paris, Macron a soulevé le sujet de l’accord de Khartoum. Ceci signifie que la France accepte ses dispositifs et, d’autre part, prouve qu’elle est obligée d’accepter de nouvelles règles du jeu. Pour la France, ce comportement est atypique. Elle avait refusé de participer à la réalisation de l’accord de paix en tant que coordonnateur ou organisateur de pourparlers. Et soudain, elle, qui s’oppose aux dispositifs de l’accord aussi bien qu’une grande partie de la communauté occidentale, manifeste un intérêt à ce document.
De plus, Macron a emmené le dialogue vers les élections de 2020-21. Pourquoi donc ces sujets-là ont été évoqués par le président français ? Il est important pour lui de garder l’influence française en Centrafrique en vue de futurs scrutins. Autrement dit, l’avenir des relations diplomatiques et économiques ainsi que le maintien de l’influence de la France en RCA dépendent de ce qu’elle fait aujourd’hui. Or, c’est le futur président et surtout ses politiques qui vont décider de l’avenir de l’Hexagone au coeur de l’Afrique. Et comme Touadéra a pour le moment plus de chances de gagner l’élection, c’est avec lui que Macron et Le Drian préfèrent reprendre un dialogue diplomatique.
S’il y aura d’autres candidats au poste de président, la France, en parallèle à l’approche diplomatique, mènera son jeu avec des méthodes déjà vérifiées. Elles sont bien évidentes : les promesses d’apporter un soutien financier, politique ou militaire feront tout.
Ainsi, afin de ne pas rester au bord de la route, la France décide de s’assurer que tous les issus seront valides. Si elle réussit, la Centrafrique peut surement s’attendre à un scénario inchangé, avec Paris derrière les coulisses qui en sera bénéficiaire. En outre, l’ONU et l’Union africaine sont rattachées à la position de la France. Si elle échoue, elles aussi perdront le jeu. Donc, il ne leur faut pas laisser couler les événements à la veille des élections. La France a besoin de la zone de franc CFA, d’un territoire stratégique, comme la RCA, en plein milieu du continent et de l’accès aux ressources. Quant à la MINUSCA dont la parraine est l’ONU, elle veut ses financements et il s’agit des millions de dollars américains.
En effet, la Centrafrique a un rôle bien important devant les forces occidentales. C’est pourquoi la personnalité de Touadéra s’offre un intérêt croissant ces derniers temps : tous les futurs partenariats du pays dépendent maintenant de lui. Plus les élections s’approchent, plus les tentatives de le séduire s’accumulent et cela vient tout d’abord de Paris.
Macron a besoin actuellement de rétablir les positions de la France qu’elle ne cesse de perdre depuis des années. En même temps, la présence d’autres forces étrangères comme la Russie et la Chine, qui s’impliquent eux aussi dans le développement de la république, freine les plans du président français. Il est vrai qu’aujourd’hui le nombre de participants à l’actualité politique et économique de la RCA est plus important par rapport à ce qu’il y avait auparavant. Une telle concurrence éclectique est bien nécessaire pour le pays car elle contribue à son rétablissement. Quant à la France, il ne lui reste que de joindre le spectacle international, ce qu’elle tente de réaliser en jouant à la diplomatie avec Touadéra et la Russie.