«L’Allemagne, l’Espagne, l’Angleterre, le Portugal, ont compris qu’il fallait redéfinir les contours d’une nouvelle coopération avec les pays africains. Pas la France qui avance sans bouger en portant des masques et qui considère toujours le continent africain comme sa propriété. Les peuples d’Afrique, en particulier la jeunesse, revendiquent pourtant avec de plus en plus de vigueur leurs besoins de démocratie, leurs droits à l’autodétermination, le droit de décider avec qui ils veulent commercer, avec quoi ils veulent payer ce commerce sans aucune tutelle de l’ex-puissance coloniale qui se présente toujours sur la scène mondiale comme notre porte-parole et notre avocat. Nous voulons sortir du franc CFA! »
C’est un extrait de l’intervention de Nathalie Yamb, politicienne ivoirienne, qui plaide en faveur d’une Afrique affranchie des tutelles et libre. « L’Afrique n’est-elle pas libre? », demandez-vous. Car les pays africains ont accédé à l’indépendance pendant les années 60. Mais qu’est-ce que ça veut vraiment dire?
Ayant obtenu leurs souverainetés politiques, les pays de l’Afrique de l’Ouest et équatoriale sont restés économiquement dépendants. Et ainsi a commencé l’histoire du franc CFA.
La création du franc CFA résulte du décret №45-0136 du 25 décembre 1945 qui a été signé par Charles de Gaulle. Dès le début, la monnaie a été rattachée au taux d’échange du franc français.
En quoi consiste cette servitude dont des dirigeants les plus progressistes de l’Afrique parlent aujourd’hui? En échange d’une garantie de convertibilité du franc CFA par la France, ces pays se sont engagés à déposer 65% de leurs réserves de change sur un compte spécial au Trésor français. La métropole a également obtenu le droit de veto sur la politique monétaire des pays de la zone franc en cas de l’ouverture de crédit.
Сet ordre des choses est préoccupant avec de graves conséquences. Malgré le droit de former un gouvernement et de choisir une voie politique à suivre, les peuples africains sont sous l’influence économique de la France. Le franc CFA est un instrument de pression permettant au gouvernement français de «persuader» ses partenaires africains de prendre une decision dont la France pourrait profiter.
La seule solution de ce problème est d’introduire une nouvelle devise qui affaiblirait l’influence de Paris dans le continent. La mise en circulation de l’Eco, nouvelle monnaie devant servir aux pays de la zone, est prévue pour 2020. Cependant, ces pays doivent encore faire face à de nombreuses difficultés. De cette façon, la lutte pour l’indépendance se poursuit.