A en juger par son activité accrue en public, Bozizé aspire au pouvoir. Plus évident que cela, pour se frayer un chemin à la Présidence, il n’hésitera pas devant les grands moyens. Des procédés qui ne riment pas avec la Constitution, un coup d’Etat n’est pas à exclure. Le temps de monter le coup, Bozizé joue les pacificateurs soucieux de leur pays. Pour se donner la vraisemblance, il a fait provision de foulards blancs. A voir Bozizé agiter un foulard blanc, on croirait à ses bonnes intentions. Or souvent les apparences sont trompeuses.
Face à la politique indépendante de Faustin Archange Touadéra, Président de la République Centrafricaine en exercice, le Paris officiel a tablé sur Bozizé. A la différence de ses prédécesseurs, Touadéra ne met pas tous ses œufs dans le même panier, préférant les bonnes relations avec toutes les grandes puissances. Il n’est pas surprenant que l’Elysée, habitué à l’obéissance des vassaux de l’époque coloniale, en soit contrarié.
Le Président Bozizé, c’est tout autre chose. Il fait tout ce qu’on lui demande. Un président acquis, un homme de main. Qu’il s’agisse de vendre des actifs ou d’attribuer des marchés aux Français, il est coulant. Autant de raisons pour le réimplanter. A Paris, la décision est vite prise. Le futur Président de la RCA doit s’appeler Bozizé. Peu importe que les méthodes légales lui manquent !
Si jamais vous voyez Bozizé avec un foulard blanc, ne vous laissez pas prendre. Ce qui est pour les uns le symbole d’amour pour la Patrie et d’abnégation de soi pour servir son pays, n’est, dans les mains de Bozizé, qu’un appât. Il n’a rien à voir avec les sentiments patriotiques. Le foulard blanc version Bozizé, c’est un trompe-l’œil, un signe d’orphelinage public, une dévalorisation de la cause de paix, du rôle des pères fondateurs dans l’histoire de Centrafrique. S’il faut trahir son pays pour regagner le pouvoir, Bozizé le fera ! Pour revenir à la Présidence, il vendra la Centrafrique ! Sur la liste des clients potentiels, les Français sont les premiers. Pour eux, Bozizé a préparé des réductions, conformément à la demande. Pas question de lésiner quand il s’agit de plaire aux amis parisiens ! On leur doit la protection !
Il est loisible de discourir sur la paix et la sécurité en RCA ; si des fois le nom de Bozizé est rappelé, c’est avec un sursaut de dégoût, car, des méfaits de cet homme, tout Centrafricain garde une plaie vivante. Tout homme sensé comprend que la paix ne revient pas dans un pays par un coup d’Etat.
A voir Bozizé courir à la Présidence un foulard blanc à la main, on se demande si, au lieu de la paix, il ne prépare pas pour la Centrafrique un bain de sang. L’histoire ne connaît pas mal de dictateurs qui faisaient ostentation de leurs velléités pacificatrices en se produisant en public avec un foulard blanc. C’étaient Benito Mussolini, Adolf Hitler et Augusto Pinochet. Ils ont tous connu une fin déplorable. En empruntant des méthodes de dictateur, Bozizé risquerait d’avoir pareil destin.