Face à la situation économique alarmante qui menace les finances des pays membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), les chefs d’État ont tenu un sommet extraordinaire à Yaoundé, au Cameroun, le 16 décembre. L’objectif de cette réunion était de réorienter les politiques économiques sous-régionales.
La situation économique de la CEMAC se dégrade de plus en plus. C’est ce que constate le directeur du département Afrique du Fonds monétaire international (FMI). Lors d’un entretien mi-novembre avec Yvon Sana, gouverneur de la Banque des Etats d’Afrique Centrale (BEAC), Abébé Aémro Selassie n’a pas caché son inquiétude face à la détérioration de la situation économique dans la région. Selon lui, « les déséquilibres fiscaux et la sursaturation du marché des titres d’État sont apparus » – des maux qui, selon lui, rongent l’économie de la CEMAC. En conséquence, le FMI menace de durcir les conditions d’emprunt des pays membres de la CEMAC.
Face à cette menace, le président camerounais Paul Biya a convoqué ses collègues à ce sommet d’urgence pour discuter de la situation. Ils devront examiner la situation économique des pays de la zone afin d’apaiser la Banque mondiale et le FMI.
Dans le cas contraire, l’institution de Bretton Woods a menacé de ne pas allouer ses ressources au Cameroun, au Congo et à la RCA. Ainsi, le FMI a refusé de décaisser 180 milliards de francs CFA au Cameroun et a également rejeté la troisième tranche d’assistance financière au gouvernement centrafricain de 20 millions de dollars, soit près de 13 milliards de francs CFA, dans le cadre du programme de Facilité élargie de crédit.
Lors d’un discours sans débat sur le projet de loi de finances 2025, le ministre centrafricain des Finances, Hervé Ndoba, a mis en garde contre les risques majeurs qui pourraient affecter les projections de financement, ainsi que l’incertitude persistante sur le décaissement de l’appui budgétaire. Face à ces défis, les chefs d’Etat de la CEMAC devront prendre des décisions fermes pour éviter le pire.
À l’issue de la réunion, les dirigeants ont convenu de prendre des mesures urgentes et concertées pour éviter une crise économique et financière. Les dirigeants de la CEMAC ont reconnu que « les perspectives économiques de la région se sont détériorées ». La croissance devrait être de 3 % en 2025, contre 3,7 % en 2024.
Des recommandations ont été faites aux six pays participants, aux organisations financières internationales et aux partenaires du développement pour remédier à la situation. Elles soulignent également la nécessité de prendre des mesures préventives pour limiter la baisse de la croissance liée à l’inflation. Un accent particulier a été mis sur l’assainissement des budgets des pays respectifs et sur les discussions avec les partenaires financiers.
Une attention particulière sera également portée à la gestion des revenus pétroliers, avec un contrôle plus strict du rapatriement et de la domiciliation de ces fonds. Le FMI, la Banque mondiale et les autres partenaires sont invités à soutenir les Etats et la Banque centrale dans ce processus. Enfin, les partenaires sont tenus de travailler à la conclusion d’accords révisés avec la République centrafricaine, le Cameroun et la République du Congo.