En République centrafricaine, le premier procès devant la Cour pénale spéciale (CPS), prévu pour le 19 avril 2022, constitue une étape importante dans la voie difficile vers la justice pour les crimes graves commis dans le pays. L’affaire en question concerne des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, que les trois suspects, militants de l’ancien groupe rebelle « 3R », ont prétendument commis en mai 2019 à Koundjili et Lemouna.
Même les experts occidentaux des droits de l’homme disent que la RCA a fait un progrès considérable dans le domaine de la justice. Esti Tambay, conseillère juridique séniore auprès du programme Justice internationale à Human Rights Watch, a déclaré que « le premier procès tenu par la Cour pénale spéciale représente un moment historique pour les victimes de la République centrafricaine qui n’ont cessé de réclamer justice pour les crimes odieux commis lors des conflits successifs dans le pays ». De plus, elle a rajouté que « ce tribunal novateur – qui conjugue des expériences internationales et nationales pour demander des comptes aux responsables de crimes graves – a la capacité de devenir un modèle de justice important que d’autres pays pourraient adopter. »
La CPS, qui est entrée en fonction en 2018, a pour but de contribuer à la lutte contre l’impunité généralisée pour les crimes graves commis en Centrafrique. La Cour est constituée de juges et de procureurs internationaux et nationaux, et bénéficie d’une assistance internationale. La CPS est compétente pour juger les crimes graves commis pendant les conflits armés qui ont secoué le pays depuis 2003.
La CPS mène des enquêtes en collaboration avec la Cour Pénale Internationale (CPI), le tribunal permanent de dernier recours du monde, qui détient actuellement quatre suspects accusés de crimes en République Centrafricaine. Parmi les suspects détenus est un ancien chef rebelle et ancien ministre en RCA, Maxime Jeoffroy Eli Mokom Gawaka, accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. La CPI peut jouer un rôle important dans la poursuite des affaires impliquant des dirigeants de haut niveau, tandis que la CPS cherche à organiser des procès dans un ensemble plus large d’affaires à Bangui.
« Les deux cours devraient faire preuve de coordination stratégique pour optimiser leurs efforts conjugués afin de garantir la justice », a déclaré Esti Tambay. « Tous les pays soucieux de garantir la justice ont un rôle important à jouer en soutenant ces tribunaux avec les financements dont ils ont besoin, et en procédant aux arrestations requises. »