– Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale ;
– Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
– Mesdames et Messieurs les Ministres ;
– Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Représentants des Organismes Internationaux ;
– Madame la Représentante Spéciale Adjointe du Secrétaire Général des Nations-Unies, Coordonnatrice Résidente, Coordonnatrice Humanitaire ;
– Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations nationales ;- Distingués invités ;
– Mesdames et Messieurs ;
Il vous souviendra qu’à l’occasion de mon discours d’investiture, le 30 mars 2021, je me suis engagé devant le peuple centrafricain et devant l’histoire de faire de la politique en faveur de la jeunesse et des femmes une priorité de mon action au cours de ce quinquennat.
C’est avec un grand honneur que je m’exprime devant vous aujourd’hui sur la question de la violence à l’égard des femmes et des filles, qui est indiscutablement l’une des violations des droits humains la plus répandue et la plus systématique, et qui touche tous les groupes socio-économiques et culturels à travers le monde et en Centrafrique, en particulier.Les statistiques nationales montrent malheureusement une hausse des cas des Violences Basées sur le Genre.
Au premier semestre 2021 uniquement, le Système de Gestion de l’Information sur les Violences Basées sur le Genre, à travers ses huit (8) membres signataires du protocole de partage d’information, a enregistré 5.007 cas de Violences Basées sur le Genre.
Une étude réalisée par l’ONU-Femmes sur les violences faites aux femmes pendant les élections de 2020/2021 montre que 26,4% des femmes candidates ont fait face à des cas de violences.Si les femmes et les filles sont bien entendu les premières victimes (avec 96% des cas des victimes des violences sexistes contre 6% des victimes du sexe féminin), les répercussions sociales, économiques, physiques, psychologiques et sanitaires de ces pratiques affectent plus largement l’ensemble de la société et, en fin de compte, portent tort à tout le monde.
En tant que Président de la République, Chef de l’Etat, Père de la Nation, je déplore vivement que les violences sexistes soient un fléau que l’on a laissé envahir le tissu même de notre société. Je déplore en outre que de nombreux cas de violence ne soient pas signalés et que les systèmes de santé et de justice soient souvent incapables de répondre de manière adéquate à ce problème et de contribuer à la recherche d’une solution globale et multisectorielle.
J’ai pu observer les diverses conséquences de la victimisation violente, qui vont au-delà des traumatismes, des incapacités, de la détresse émotionnelle, voire de la mort des victimes. J’ai été informé des cas des femmes, des filles, soumises à des violences sexistes commises par leur propre parent ou conjoint et je me suis toujours demandé comment un époux, un parent ou un membre de la famille, qui devraient être une source de soutien, d’amour et de compassion, peuvent en arriver à être une source de traumatisme, d’humiliation et de terreur pour ceux qui leur sont chers.Je dois malheureusement relever que nous vivons dans une société qui accepte passivement la violence et tolère la soumission des femmes aux hommes.
Pour les survivants, pour mes enfants, pour les nombreuses femmes concernées et pour les générations à venir, je continue à joindre ma voix à celles de tous ceux qui réclament que l’on mette fin à cette atrocité qui, si on la laisse perdurer au niveau actuel, constituera une menace pour le développement socio-économique et la croissance durable. Comment pouvons-nous mettre un terme à ce fléau ? Comment pouvons-nous mieux protéger nos femmes et nos filles contre cette injustice ? Comment pouvons-nous faire pour prévenir la violence à l’égard des femmes ? Mesdames et Messieurs, Le Comité stratégique dans le cadre de la lutte contre les Violences Basées sur le Genre liées aux conflits en République Centrafricaine que j’ai mis en place, est l’expression manifeste de ma détermination à matérialiser ma vision et mon programme en faveur des femmes et des jeunes filles centrafricaines.
Et ceci, bien sûr avec vos avis techniques. D’où la raison d’existence de ce Comité qui est aujourd’hui un cadre approprié de concertation et de réflexion pour la mise en application de ma vision en matière de lutte contre les Violences Basées sur le Genre liées aux conflits.Je dois vous rappeler que presque toutes les victimes de la violence finissent par atterrir dans le secteur de la santé et parfois, mais très rarement, au niveau de la justice.
Le système national de santé et le secteur de la justice jouent donc un rôle central dans la prévention et la réponse à la violence à l’égard des femmes, et il est impératif que nous renforcions l’accent sur le rôle des secteurs de la santé, de la protection, de la prévention, de la réponse, des poursuites judiciaires, de la responsabilisation au niveau des lois, des politiques et programmes, et de leur application, ainsi qu’au niveau du suivi et de l’évaluation.
Grâce au rôle directeur que l’OMS a joué dans l’établissement d’une base de données sur l’ampleur du phénomène et ses conséquences, sur les facteurs de risque et de protection, sur la prévention et les mesures de lutte contre la violence, en particulier à l’égard des femmes et des filles, et dans l’adoption de résolutions déclarant que la violence était un des principaux problèmes de santé publique dans le monde et que les Etats Membres devaient améliorer l’action des systèmes de santé pour lutter contre la violence dans le cadre d’une riposte multisectorielle concertée et globale, nous avons ouvert la voie. Je me demande ce que nous attendons pour mettre en œuvre ces résolutions que nous avons nous-mêmes adoptées.Nous n’avons aucune excuse et nous devons passer de la parole aux actes.
En créant le Comité stratégique dont vous êtes membres, je pensais à mettre en place un organe idéal de coordination et de définition des orientations stratégiques conformément aux missions qui lui sont assignées dans le Décret n° 21.308 du 25 novembre 2021.A côté des acteurs d’appui psychosocial qui font un travail remarquable sur le terrain, le système de santé doit aussi intervenir en première ligne pour repérer et documenter les actes de violence, recueillir des preuves médico-légales, diffuser des données sur l’efficacité des interventions de prévention et de riposte.
Il doit aussi veiller à ce que toutes les victimes et toutes les personnes affectées par la violence aient accès en temps utile à des services efficaces et d’un coût abordable de soins et la gratuité de prise en charge psychosociale, y compris de santé génésique et de réadaptation, et à des services d’appui exempts de toutes formes d’abus, de manque de respect ou de discrimination.S’agissant des acteurs de la justice, mon vœu de zéro impunité formulé lors de mon investiture le 30 mars dernier, concerne aussi bien les auteurs des violations des droits humains que les auteurs des violences basées sur le genre.
C’est pourquoi, j’instruis donc le Ministère de la Justice et tous les acteurs de la chaîne pénale à tout mettre en œuvre pour que les dossiers des cas de Violences Basées sur le Genre qui arrivent dans les juridictions de notre pays ne souffrent d’aucun mal. J’ai été informé des dossiers qui trainent dans nos juridictions ou encore des cas de libération des auteurs des Violences Basées sur le Genre contre argent et ce à l’insu des victimes. Tout ceci devrait s’arrêter.Distingués invités, Mesdames et Messieurs ;
J’engage vivement tous les pays à travers leurs hauts représentants ici présents ainsi que les Nations-Unies et tous les partenaires techniques et financiers, à renforcer toutes les formes de ripostes multisectorielles connues, intégrées, globales, à fort impact et financées de manière adéquate, menées en association avec d’autres partenaires que ceux du secteur de la santé, comme les responsables de l’éducation et des services de justice et de police. Enfin, nous devons continuer à étudier comment certaines technologies, et en particulier le téléphone mobile et les médias sociaux, peuvent contribuer à l’action mondiale visant à mettre fin à la violence sexiste, en particulier auprès des jeunes et des adolescents. Je ne saurais trop insister sur le rôle de plaidoyer que le système de santé peut jouer dans l’adoption de mesures visant à lutter contre l’acceptabilité sociale et la tolérance de la violence, en particulier celle dirigée contre les femmes et les filles, laquelle peut même exister au sein du système de santé lui-même.
J’invite les membres du comité à l’élaboration des recommandations qui pourront apporter un changement dans la vie des femmes qui subissent actuellement des violences, des enfants abusés et mutilés, des femmes plongées dans la détresse morale à la suite des violences subies.C’est pourquoi je lance un appel à tous ceux qui sont ici présents pour qu’ils luttent contre la violence à l’égard des femmes tout au long de leur vie. Un seul cas de violence à l’égard des femmes est un cas de trop. Lorsque la violence à l’égard des femmes est invisible, faisons en sorte de la rendre visible et de la combattre, efforçons-nous de mobiliser des ressources pour fournir des informations et promouvoir des ripostes efficaces.
En terminant mon propos, je réitère le vœu que j’ai formulé en novembre dernier, lors du lancement de la Campagne des 16 jours d’activisme, à l’endroit de l’Union Européenne, d’aider la République Centrafricaine à décrocher pour une première fois le financement de l’initiative Spotlight, afin de répondre plus efficacement aux problèmes de violences faites aux femmes et aux filles en Centrafrique.
J’ai espoir, quand je regarde les nombreuses résolutions qui ont été adoptées et parce que je sais qu’il y a dans cette salle de nombreuses personnes qui ont en leur pouvoir des instruments capables de mettre fin à cette atrocité, instruments qui peuvent aider à faire évoluer les politiques et le leadership afin de créer un environnement propice à la prévention et au traitement de la violence à l’égard des femmes, pour enfin parvenir à y mettre un terme.Sur ce, je déclare lancées, les activités du Comité stratégique dans le cadre de la lutte contre les Violences Basées sur le Genre liées aux conflits en République Centrafricaine.
Que Dieu vous bénisse !Que Dieu bénisse la République Centrafricaine.
Je vous remercie.