Ce lundi 6 décembre, le Mouvement Talitha Koum, coordonné par Blaise Didacien KOSSIMATCHI, a fait une déclaration à la presse concernant l’affaire du Ministre de l’élevage et de la santé animale, Hassan Bouba, et la menace du retrait des contingents de l’EUTM.
Le texte de sa déclaration est ci-dessous.
DECLARATION DE TALITHA KOUM CENTRAFRIQUE RELATIVE A LA POLEMIQUE INHERENTE AU CAS DU MINISTRE ALI HASSAN BOUBA ET LA PRISE DE POSITION DE L’UNION EUROPEENNE POUR LE RETRAIT DE SES CONTINGENTS
Centrafricaines, centrafricains, très chers compatriotes,
En date du 19 novembre 2021, sur instruction de la Chambre d’instruction chargée du cabinet N°1 de la Cour Pénale Spéciale (CPS) a cru bon faire une démonstration de force en procédant à l’arrestation du Ministre encore en poste Ali Hassan BOUBA en charge de l’Elevage et de la Santé Animale et placé sous ordonnance d’incarcération à la prison de Camp de Roux.
Pour rappel, Ali Hassan BOUBA est l’un des signataires de l’Accord de Khartoum dont il s’est illustré de bonne foi en s’engageant en faveur de la paix.
Ses efforts ont d’ailleurs permis le désarmement volontaire de nombreux éléments de l’UPC, c’est dire que ce chef rebelle est l’un des rares à avoir accepté la main-tendue du Président Faustin Archange TOUADERA dans sa quête d’une paix durable pour toutes les filles et les fils de la République Centrafricaine.
L’APPR/RCA est à ce jour considéré par tous les spécialistes comme le seul instrument de référence et le cadre indiqué pour toute perspective de paix en Centrafrique.
Il faut noter que bon nombre des groupes armés se sont retirés de ce processus et continuent de semer la mort et la désolation dans bien de familles centrafricaines.
La création de la CPC par l’ex-président François BOZIZE YANGOUVONDA symbolise s’il en est besoin le « jusqu’au boutisme » de certains leaders de groupes armés qui veulent maintenir la République Centrafricaine dans un cycle infernal de violences sans fin.
Contre ces extrémistes, le citoyen lambda observe un mutisme de la communauté internationale et surtout de la CPS qui ne déploie aucun effort pour les inquiéter et encore moins procéder à leur arrestation pour donner une chance à la paix et permettre enfin aux victimes de prétendre à une réparation.
L’arrestation du Ministre Ali Hassan BOUBA intervient donc comme un coup fourré d’une CPS qui se croit en terrain conquis et qui a cru bon de faire fi des procédures d’usages qui veut que dans de telles circonstances, il collabore avec la justice centrafricaine avant de mener des actions de ce type.
La disponibilité affichée des plus hautes autorités centrafricaines, du Ministre d’Etat Garde des Sceaux et de la justice de notre pays a été foulée aux pieds par le Doyen des Juges de la CPS qui n’a pas cru devoir les consulter avant d’exécuter son plan qui a y voir de près ne peut que susciter questionnement et interrogation au regard du contexte.
S’agissant du contexte nul n’ignore que le peuple centrafricain tout entier attend avec impatience la tenue du dialogue républicain voulu par le Président Faustin Archange TOUADERA. La sensibilité du contexte interdit de façon la plus naturelle qui soit toute action malencontreuse à l’instar de l’arrestation du Ministre Ali Hassan BOUBA qui n’est que de nature à semer le doute et la confusion dans l’esprit des acteurs politico militaires acquis au processus de paix.
Parlant de la libération du Ministre Ali Hassan BOUBA, il sied de rappeler que la RCA est un pays démocratique et la loi doit s’appliquer sans distinction de la même manière à tous les citoyens.
La garde à vue du prévenu Ali Hassan BOUBA était bien arrivée à son terme et la CPS ne s’est pas présentée dans le délai pour extraire son client, fallait-t-il violer les règles en le maintenant hors délai de garde à vue dans les locaux du camp de Roux qui est un camp militaire ? Les organisations de défense des droits de l’homme n’allaient-elles pas encore crier au scandale en accusant le régime de Bangui de graves violations des droits humains ?
Il y’a lieu de préciser que conformément aux dispositions combinées des Articles 94 du Code de procédure pénale centrafricain et 98 du Règlement de procédure et de preuve devant la CPS, l’Ordonnance d’incarcération est un titre précaire de détention provisoire dont la validité ne saurait excéder Cinq (05) Jours .Dépasser ce délai ,la personne est mise d’office en liberté.
Dans la journée du vendredi 26 novembre 2021, l’équipe chargée de l’extraction des détenus de la CPS n’a pas pu extraire le nommé Ali Hassan BOUBA, en raison des manœuvres militaires et opérationnelles qui se déroulaient au Camp de Roux, lieu de sa détention.
Aux environs de 14 Heures du même jour ,l’Administration pénitentiaire constatant que le délai de l’ordonnance aux fins d’incarcération délivrée par la chambre d’instruction chargée du Cabinet N°1 de la CPS à l’encontre du nommé Ali Hassan BOUBA étant dépassé , a porté mention sur le registre des détenus et a donc procédé à sa remise en liberté.
C’est dire que la libération d’Ali Hassan BOUBA ne viole en aucun cas une quelconque règlementation, elle trouve d’ailleurs un fondement dans l’intérêt supérieur de la nation en ce qui concerne la sauvegarde de la paix en Centrafrique, ne dit-on pas que la paix n’a pas de prix!
La CPS ne saurait donc être un Etat dans un Etat.
Nous osons espérer que pour les cas à venir il sera fait un respect strict des procédures usuelles en la matière à savoir un échange préalable avec la justice nationale et surtout avec les autorités nationales concernées en particulier le Ministre d’Etat Garde des Sceaux et le respect du délai de garde à vue par la CPS.
Enfin, il y’a lieu de souligner que la procédure enclenchée à l’encontre du Sieur Ali Hassan BOUBA n’est pas suspendue et encore moins éteinte, s’agissant des faits présumés crimes de guerres et Crimes contre l’humanité.
C’est ici le lieu encore de dénoncer avec la dernière rigueur les gesticulations de l’opposition dite démocratique qui, à travers la COD 2020 s’est mécaniquement rangée du côté des fossoyeurs de la démocratie et de délateurs de la République pour fustiger une soit disant ingérence du Président de la République dans le fonctionnement de la justice tout en appelant la population qu’ils ont trahie a maintes reprises dans leur prise de position à manifester contre on ne sait quelle impunité !!!
La vérité est que la COD 2020 est devenue inaudible et aucun centrafricain n’est prêt à s’engager dans leur schéma périlleux de déstabilisation à tout prix des institutions de la République.
Leur logique sous-tendue par des forces extérieures est bien connue de tous.
Quant à l’Union Européenne, le peuple centrafricain s’étonne de sa prise de position contre les forces russes en Centrafrique. Quels sont les bilans réels de l’EUTM en termes de renforcement des capacités opérationnelles de nos FACA et de sécurisation du territoire national ?
L’Union Européenne s’est attardée à former nos FACA sans aucun moyen, faisant usage de pilons à la place des armes et des matraques, accompagnés d’un cours magistral en droit international humanitaire(DIH) comme si nos FACA étaient des étudiants de 1ère Année de Droit. Non, les russes ont prouvé leur efficacité et leur volonté à rendre opérationnelles nos forces de sécurité et de défense. Alors qu’on nous laisse avec les leçons de morale inopportunes.
Nous demandons à tous nos amis européens, à l’opinion publique et à la société civile européenne de se dissocier du schéma destructeur et de la philosophie néocoloniale défendue par la France contre les Etats Africains en général et la RCA en particulier.
Comme disent les latins « ERRARE HUMANUM EST SED PERSEVERARE DIABOLICUM » autrement-dit « l’erreur est humaine mais persévérer dans l’erreur est diabolique ».
Fait à Bangui, le 06 Décembre 2021
Le Coordonnateur National de TALITHA KOUM Centrafrique, Membre du Réseau International de TALITHA KOUM basé à Rome en Italie
Blaise Didacien KOSSIMATCHI