Selon le rapport de l’ONG américaine The Sentry, spécialisée dans la traque de l’argent sale, durant plusieurs années une filiale du groupe français Castel versait de l`argent à des groupes armés en Centrafrique en échange de la sécurisation de l` usine et des champs de cannes à sucre de l`entreprise.
La raffinerie de la Sucaf RCA et les 5.137 hectares de plantation de canne à sucre se trouvent à Ngakobo, à 400 km à l’est de la capitale Bangui, dans la préfecture de la Ouaka, contrôlée de fin 2014 à début 2021 par l’UPC, un des principaux groupes armés du pays.
La filiale du célèbre géant français est soupçonnée de complicité avec des rebelles opérant sur le territoire de la République Сentrafricaine.
Des représentants d’une organisation non gouvernementale spécialisée dans le suivi du financement illégal dans les zones de conflit militaire The Sentry, ont déclaré qu’en 2014, la direction de Castel Sucaf RCA a conclu un «accord de sécurité» avec les membres du groupe «Union pour la paix en République centrafricaine» (UPC). L’accord supposait que les radicaux s’occuperaient de la protection de la raffinerie de sucre et des champs de canne appartenant à la société.
«Ils ont mis en place un système complexe et informel de financement des groupes armés par des envois de fonds directs et indirects. En outre, ils ont entretenu le transport et fourni du carburant», indique le rapport The Sentry.
En échange, les membres de l’UPC ont défendu le monopole du groupe en transférant de temps en temps du sucre de contrebande du Soudan et en le reconditionnant dans des sacs portant le logo Sugar RCA. Les marchandises ont ensuite été vendues aux grossistes.
Cet accord « tacite », a été automatiquement annulé après que l’armée de la République Centrafricaine, formée par des instructeurs russes, ait évincé l’UPC de leur sièges.
Suite au rapport de l’ONG The Sentry le groupe Castel a annoncé l’ouverture d’une enquête interne. Il a saisi son comité d’éthique dans le but de diligenter immédiatement une enquête conformément à ses procédures internes, en promettant de communiquer « sur l’issue de l’enquête ».
Il est à noter que Pierre Castel, président du groupe et neuvième fortune de France d’après le classement Challenges 2021, tient à rester discret. Contactés à de nombreuses reprises lors de la réalisation de l’enquête, l’ONG The Sentry n’a reçu aucune réponse du groupe français et de son président.