Le discours de Président de la République, Son Excellence Pr Faustin Archange TOUADERA à l’occasion de la journée de la jeunesse:
Après Boali et Sibut, la ville de Damara accueille aujourd’hui les jeunes venus de tous les horizons de la République Centrafricaine pour célébrer, dans la liesse et l’allégresse, la Journée Internationale de la Jeunesse.
Cette Journée, célébrée le
12 août de chaque année, nous offre l’occasion d’attirer l’attention des
acteurs politiques et sociaux ainsi que la communauté internationale sur les défis
qui se posent avec acuité à la jeunesse centrafricaine, mais aussi et surtout
sur le potentiel que représentent les jeunes en tant que partenaires dans la
société.
Avant de poursuivre mon allocution, je voudrais remercier et féliciter les
autorités locales et toute la population de Damara, pour l’accueil chaleureux
qui m’a été réservé ainsi qu’à toutes les personnalités tant nationales
qu’internationales ayant fait le déplacement de Damara.
En dépit des bouleversements connus et les vicissitudes de l’histoire, le continent africain, notre continent, est en marche vers un avenir plus prospère.
Et tous les citoyens, qu’ils soient jeunes ou vieux, hommes ou femmes, vivant en milieu rural ou urbain, sont dotés de la capacité de réaliser pleinement leur potentiel et de vivre en toute satisfaction et fiers de leur pays.
En République Centrafricaine, les jeunes qui représentent plus de 60% de la population ont été les principales victimes des crises militaro-politiques qui ont éloigné pour beaucoup d’entre eux, les perspectives de formation, d’emploi et d’insertion sociale.
Ces crises à répétition ont entraîné des destructions du tissu économique qui ont engendré des pertes énormes d’emploi et par conséquent, a aggravé le chômage et le désœuvrement de la jeunesse.
Cette situation empêche notre pays de mettre en œuvre la feuille de route de l’Union Africaine sur le dividende démographique qui traduit l’importance de la place de la jeunesse dans l’agenda 2063.
La question de l’éducation des jeunes a toujours été au centre des préoccupations des hauts dirigeants du monde et de notre pays, eu égard aux multiples défis qui gangrènent leur processus de socialisation.
Les jeunes, s’ils sont bien éduqués, bien formés, bien encadrés, peuvent être des ambassadeurs de la paix, et jouer un rôle important dans la construction de la société.
C’est pourquoi, le thème retenu pour cette année, à savoir : «L’inclusion dans le processus de la consolidation de la paix et les prises de décisions», doit nous interpeller tous, car la promotion de la culture de la paix est un pilier essentiel de développement qui a fait l’objet d’une attention soutenue des pouvoirs publics centrafricains ainsi que des partenaires au développement.
Cet effort de consolidation de la paix en Centrafrique a continué en 2008 avec la mise en place du projet dénommé « expression et réconciliation » qui consiste à responsabiliser les communautés intellectuelles et la jeunesse, à l’évolution des mentalités vers une réconciliation durable.
Aussi, le projet «
Education, citoyenneté et Promotion de la culture de la paix pour la
Coexistence pacifique dans les Communautés et les Ecoles », initié par le
Gouvernement en 2011, vise d’une part à rendre effectif l’enseignement des
modules d’éducation à la citoyenneté dans les écoles par le canal de la
formation à distance, et d’autre part, à mobiliser les communautés pour la
promotion de la culture de la paix en vue de la réconciliation nationale.
S’agissant du développement, nul n’ignore que le social, l’environnemental et
l’économique sont trois dimensions majeures du développement durable, lesquels
sont assujettis à la paix.
Je dois rappeler que dès mon investiture à la magistrature suprême de l’Etat, le 30 mars 2016, le Gouvernement a envisagé, dans le cadre du Plan National de Relèvement et de Consolidation de la Paix en Centrafrique (RCPCA), des actions importantes en matière de la jeunesse.
Les priorités identifiées
et sur lesquelles le Gouvernement continue de travailler sont :
– Assurer une habitude de vie responsable des jeunes, dans un environnement
sécuritaire, c’est-à-dire la santé et le bien-être des jeunes comme la base de
l’épanouissement et de la réussite personnelle et familiale des jeunes de façon
à construire solidement leur avenir ;
– Réunir les conditions nécessaires pour la persévérance et la réussite éducatives des jeunes, c’est-à-dire faire en sorte que le système scolaire offre aux jeunes les outils et les moyens qu’il faut pour s’instruire, se qualifier, découvrir et mettre en valeur leurs aptitudes et se préparer ainsi à une entrée réussie dans la vie active de façon à construire leur future vie de citoyennes et citoyens sur des bases solides ;
– Promouvoir la culture et la participation citoyenne des jeunes ;
– Soutenir l’entrepreneuriat des jeunes.
Avec le concours des
partenaires, les Gouvernements successifs ont entrepris des actions tendant à
accroître la participation de la jeunesse au Relèvement et à la Consolidation
de la Paix, notamment par:
– la réalisation d’une analyse nationale participative sur les besoins et
aspirations des jeunes en matière de paix, de santé, de cohésion sociale,
d’éducation et d’emploi ;
– l’organisation d’un forum sous-régional de la jeunesse sur le thème : « La Jeunesse Centrafricaine, sa contribution à la sécurité transfrontalière, à l’intégration régionale et au développement socio-économique », sur la base des résultats de l’analyse participative ;
– le renforcement des capacités institutionnelles des organisations de jeunesse visant à impliquer les jeunes dans les prises de décisions.
Notre souci dans le cadre de la mise en œuvre de toutes ces actions est guidé par les principes fondamentaux de l’Agenda 2063 et le programme de développement durable à l’horizon 2030, surtout dans la mesure où ils reposent sur une approche de développement axée sur les personnes et l’engagement de ne laisser personne être à la traine.
Le vœux qui m’est cher
aujourd’hui, est de voir nos relations de coopération avec les partenaires
techniques et financier s’affermir et déboucher sur une coopération directe qui
puisse assurer une efficacité dans la mise en œuvre des actions en faveur des
jeunes, dès lors que nous sommes convaincus que c’est à travers eux que nous
pouvons changer positivement les choses et inverser toutes les tendances
négatives qui caractérisent notre cité.
Plus exactement, je formule le vœu qu’ensemble, nous puissions mettre en place
des mécanismes inclusifs permettant aux jeunes centrafricains de continuer à
intensifier leurs efforts, individuellement et collectivement, pour contribuer
à la construction d’un monde meilleur.
Il nous faut investir massivement dans ce capital humain que représentent les jeunes, mobiliser des ressources additionnelles pour assurer l’accès à une éducation de qualité à tous nos jeunes et les mettre à l’abri du chômage et des illusions que leur vendent les seigneurs de guerre.
Le Gouvernement, à travers le Ministère chargé de la Jeunesse, conscient de l’impact de la promotion de la culture de la paix sur la résolution des conflits et la cohésion sociale, œuvre dans le sens d’une prise en compte de la dimension éducation de la jeunesse comme fondement et moteur du processus de développement.
J’exhorte tous les jeunes centrafricains à l’inclusion sociale.
A l’instar des jeunes d’autres pays, j’exhorte les jeunes Centrafricains à s’organiser, dans leurs collectivités, villes, et leurs quartiers pour promouvoir des initiatives d’action citoyenne.
De telles initiatives
communautaires pourront être soutenues par le Gouvernement et les partenaires
sociaux car, et comme je viens de le dire, les jeunes sont des acteurs sociaux
importants et doivent être au cœur du développement de notre pays.
Je tiens ici à réaffirmer ma disponibilité et celle du Gouvernement à soutenir
toutes les initiatives de la jeunesse en faveur du développement communautaire,
de la paix, de la sécurité et de la réconciliation nationale.
M’adressant particulièrement aux jeunes et leurs leaders, en cette ère du numérique, qui offre d’immenses possibilités de création d’entreprises, susceptibles d’assurer la reprise de la croissance, la création d’emplois et la réduction du chômage, je vous exhorte à accepter de vous former car la fonction publique seule ne peut résorber le chômage des jeunes.
Aux leaders jeunes, je voudrais vous rappeler que le Ministère de la Jeunesse ne pourra atteindre la multitude des jeunes centrafricains qu’à travers les Organisations Non Gouvernementales et les Organisations à Assises Communautaires que sont les Organisations de jeunesse que vous dirigez.
C’est à ce niveau que vous avez un rôle très important à jouer. En assumant pleinement ce rôle, vous aurez ainsi contribué aux efforts du Gouvernement en matière de paix et développement.
J’en appelle à votre sens de devoir et de l’abnégation pour pouvoir surmonter ce qui vous divise, et vous attachez fortement à ce qui pourra vous unir pour un développement meilleur.
Avant de clore mes propos,
je voudrais adresser mes vifs remerciements aux partenaires qui ont voulu
partager ce moment avec nous, et leur dire combien nous apprécions l’intérêt
qu’ils accordent aux problèmes de la jeunesse centrafricaine.
Je vous remercie de votre attention et vous souhaite à toutes et à tous une
excellente Journée Internationale des Jeunes, édition 2021.