Le 18 août 2021 le Président de la République, Son Excellence Pr. Faustin Archange Touadéra a présidé la 7e Session du Comité Stratégique du programme national de DDRR, du processus de la RSS et de la Réconciliation Nationale. Son discours est ci-dessous.
• Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernent ;
• Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement ;
• Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs;
• Monsieur le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies, Chef de la MINUSCA ;
• Monsieur le Représentant de la Banque Mondiale ;
• Mesdames et Messieurs les Représentants des partenaires techniques et financiers de la RCA;
• Mesdames et Messieurs les membres du Comité Stratégique ;
• Mesdames et Messieurs;
Je souhaite la bienvenue à chacun de vous à cette session du Comité Stratégique du DDRR/RSS/RN tant souhaité par nous tous, depuis la dernière réunion du mois de décembre 2019, vu que des engagements et événements importants ne nous ont pas donné l’occasion de nous réunir plutôt.
Pendant cette période, la vie de la nation a connu de grands changements qui rappellent la nécessité de révision et de nouvelles orientations dans l’organisation et la conduite du processus de paix telles que conçues au lendemain de mon premier mandat à la magistrature suprême de l’Etat.
Le pays a dû faire face aux défis d’ordre sécuritaire, socio- économique et sanitaire dus à la survenance de nouvelles violences commises par certains groupes armés, signataires de l’APPR qui ont repris les armes et créé une nouvelle coalition armée, dénommée la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC).
Cette résurgence injustifiée des violences a eu de graves conséquences sur la vie de la Nation, notamment la tentative de déstabilisation des institutions du Pays et la perturbation des élections groupées du 27 décembre 2020.
La pandémie de COVID-19 a également paralysé le bon fonctionnement des structures de l’Etat et l’organisation du travail avec les partenaires des différents comités de décisions.
Grâce à l’appui des partenaires pendant cette période électorale difficile, particulièrement l’appui multiforme de la MINUSCA et d’autres que je tiens à saluer ici, les résultats des élections ont été appréciés par tous.
En dépit de nombreux obstacles, le peuple s’est levé massivement pour accomplir son devoir citoyen et me renouveler sa confiance.
Ces élections ont, somme toute, été jugées libres, transparentes et équitables par tous les observateurs nationaux et internationaux.
C’était une belle victoire de la Démocratie sur les forces du mal qui avaient souhaité maintenir le pays dans un chaos profitable à leurs seuls intérêts égoïstes.
Mesdames et Messieurs,
Dans mon discours d’investiture du 30 mars dernier, j’ai annoncé la priorité du nouveau quinquennat, à savoir la transformation du pays vers une prospérité partagée et inclusive.
Mais ce grand programme ne pourrait se réaliser que dans la continuité des actions entreprises jusqu’ici pour la restauration de la paix et de la concorde nationale.
C’est pourquoi le Gouvernement s’attèlera à la poursuite de certains programmes importants comme la sécurité durable et la défense du territoire, car tant les projets vitaux de ce domaine, entamés sous le premier mandat mais interrompus par la résurgence de la violence, doivent être conduits à leurs termes.
J’ai aussi pris l’engagement de convoquer de larges consultations nationales dont les conclusions heureuses et constructives ont conduit à décider de l’organisation prochaine d’un Dialogue Républicain en terre centrafricaine, afin de décrisper les crises préoccupantes dans le pays.
Ce sera un dialogue ouvert à tous les Centrafricains de l’intérieur du pays et de la diaspora, où il sera débattu des thématiques choisies et préparées par le Comité d’Organisation que j’ai mis en place le 30 juillet dernier, regroupant en son sein, les représentants des pouvoirs publics, des partis politiques de l’opposition, ceux de la majorité et des autres partis ainsi que de la société civile.
L’une de mes premières actions pour apporter des réponses à la question sécuritaire préoccupante a été entre autres, de faire évaluer la mise en œuvre de l’APPR, sensé conduire tous les groupes armés dans un cadre de dialogue et favoriser le DDRR qui est dénoncé par certaines de ses parties, afin d’identifier les facteurs de blocages et de trouver des solutions de sortie de crise dans le but d’atteindre l’objectif de paix et de réconciliation que nous nous sommes fixés.
Les résultats de cette évaluation à laquelle les partenaires de mise en œuvre de l’APPR étaient associés, tracent des pistes de solution pour un meilleur rendement touchant principalement au renforcement du leadership de la mise en œuvre, l’amélioration des organes de direction de l’APPR et la révision de la méthode d’exécution du PNDDRR pour atteindre rapidement les objectifs fixés de la redynamisation de la mise en œuvre et de l’opérationnalisation des Unités Spéciales Mixtes de Sécurité (USMS).
Conscient de l’importance de cet Accord reconnu par tous comme le cadre idéal pour le processus de paix avec les groupes armés, j’ai décidé de donner toute l’importance méritée au suivi de l’Accord en créant un Ministère d’Etat chargé du DDRR et du suivi de l’APPR, confié à un compatriote dont l’expérience dans ce domaine est avérée et que je félicite, ainsi que le Ministre Délégué chargé de l’appuyer dans la mise en œuvre de ce grand programme.
Mesdames et Messieurs,
Notre session de ce jour fera également l’analyse des résultats de cette évaluation, le point de la suite des recommandations importantes à exécuter pour les valider et ordonner aux structures compétentes les actions à mener.
De l’avis de tous et du mien également, l’exécution du DDRR doit être globale, prenant en compte la totalité des éléments du groupe armé engagé dans le programme, afin de créer un lien direct avec la dissolution intégrale des groupes qui, bien entendu, sera conduit de commun accord entre les parties à l’Accord et les partenaires, conformément à ses clauses.
A cet effet, la priorité dans les prochaines missions du DDRR doit être accordée à toutes les options de sortie, sans privilégier quelques-unes, notamment l’intégration dans les Forces de Défense et de Sécurité et dans les USMS, au détriment de la réinsertion sociale comme cela a été le cas jusqu’ici.
Cependant, je reconnais que les dernières activités de l’Unité d’Exécution de l’UE-PNDDRR ont quelquefois dérogé à cet engagement, face à l’affût de défection des éléments dissidents des groupes de la CPC.
Il est évident que ces cas de retours partiels non prévus, mettent à mal la bonne exécution des accords de financements conclus avec la Banque Mondiale et fragilisent l’accompagnement financier de nos partenaires des Etats-Unis d’Amérique et de la MINUSCA pour les deux D : à savoir le Désarment et la Démobilisation, tenant compte des règles établies en faveur seulement des groupes signataires des accords.
L’Etat cependant, est obligé de faire face à ces défections bénéfiques pour aider au retour, en comptant sur ses propres moyens et l’appui d’autres partenaires qui le souhaitent, car il est impératif de désarmer tous les éléments retournés et leurs permettre un retour en toute quiétude au sein de la société.
C’est une situation nouvelle qui nous interpelle et qui doit nous amener à envisager, de commun accord avec nos partenaires, de nouvelles approches de réflexions pour parer à une éventuelle situation de reddition à grande échelle des groupes armés membres de la CPC à l’avenir, car pour nous, leur aventure ne peut être vouée qu’à l’échec face à la détermination du Gouvernement de libérer définitivement tout le pays.
Cette question de retour touche aussi à l’attitude à adopter face aux leaders de la CPC qui ont sciemment engagé des actions criminelles et de déstabilisation de la République.
La population consultée à ce sujet, excédée par ces crises à répétition malgré la politique de la main tendue que j’ai toujours pratiquée, ayant abouti à la signature de l’APPR le 6 février 2019 a, dans sa grande majorité, désapprouvé l’idée d’un dialogue de plus avec les groupes armés.
Je suis convaincu des vertus du dialogue qui est inscrit en bonne place dans la Constitution du 30 mars 2016, mais nous ne devons pas minimiser les violences faites au peuple par les groupes armés et la CPC.
L’APPR offre la possibilité aux groupes armés, membres de la CPC qui souhaitent y revenir, de le faire publiquement et globalement, dans le respect de leurs engagements initiaux.
C’est pourquoi j’apporte mon soutien aux initiatives régionales de la CIRGL et de la CEEAC tendant à convaincre les groupes de revenir dans l’APPR mais ce, dans le cadre d’actions concertées avec tous nos partenaires engagés dans l’APPR et je veillerai à ce qu’il en soit ainsi.
La justice ne sera pas occultée de ce processus, car vous le savez, il n’existe pas d’impunité dans les textes de l’Accord et l’un des principes de mon nouveau mandat est l’impunité zéro.
Les actions de justice sont donc nécessaires pour une réparation des victimes et aussi pour que les nombreux crimes commis ne restent pas impunis.
Mesdames et Messieurs ;
La responsabilité de la paix est d’abord la mission principale du Président de la République, Chef de l’Etat. Mais j’ai compris que nous devons, tous unis, avec l’appui de tous nos partenaires, l’exercer collectivement.
La charge de ma fonction me commande de rappeler de manière univoque que la solennité républicaine nous impose à la fois une introspection collective sur l’état de notre pays et, une opportunité qui nous permet, nous dirigeants, d’exalter les idéaux de la République et de nous rappeler de notre responsabilité sectorielle dans la reconstruction de notre pays, ce qui nous oblige à être plus forts, plus unis et plus solidaires pour surmonter les épreuves auxquelles nous sommes tous confrontés.
Il n’y aura donc pas de trêve à nos efforts communs pour le rétablissement de la paix et de la sécurité sur toute l’étendue du territoire national, surtout à un moment où nous bénéficions de l’appui de la communauté internationale.
Des efforts importants doivent être consentis dans tous les dispositifs de mise en œuvre du processus de paix pour assurer la sécurité sur l’ensemble du territoire.
C’est dans cette logique que nous allons ensemble apprécier les présentations sectorielles au cours de cette 7ème session du Comité Stratégique DDRR-RSS-RN, pour orienter de manière consensuelle les activités que doivent mener les différentes entités avec l’appui des partenaires techniques et financiers.
J’exhorte donc la communauté internationale et les amis de la République Centrafricaine à se mobiliser davantage, aux côtés du Gouvernement, pour faire mettre un terme à la souffrance et aux massacres des populations.
Dans les moments difficiles comme ceux que nous vivons, seule l’unité peut nous permettre de faire face aux velléités de déstabilisation de notre beau pays.
Je formule le vœu que cette 7ème session du Comité Stratégique DDRR-RSS-RN soit l’occasion de réaffirmer notre adhésion commune à l’APPR, à sa préservation et à son renforcement.
Je formule également le vœu que cette 7ème Session marque un élan de solidarité nouveau à unir nos cœurs et à travailler ensemble pour la réconciliation nationale dans le respect des valeurs républicaines de notre Devise : Unité–Dignité-Travail.
C’est sur ces vœux que je déclare ouverte, la 7ème session du comité stratégique DDRR-RSS-RN.
Que Dieu bénisse la République Centrafricaine !
Je vous remercie.
Je donne la parole au Ministre d’État chargé du DDRRR et du suivi de l’APPR, pour la présentation de l’agenda de nos travaux.