La situation intense en Centrafrique attire l’attention des experts du monde entier. Le récent commentaire de Ceren Gürseler, expert en Relations Extérieures au Centre de recherche et de pratique des Études Africaines et professeur adjoint au Département de Droit d’État au Département des Relations Internationales, place l’actualité en République centrafricaine dans un contexte plus large des relations entre l’Afrique et l’Occident.
L’Afrique, l’une des étoiles montantes du 21ème siècle avec ses vastes ressources naturelles, ainsi que ses taux de croissance démographique et économique, devient également l’un des centres importants de la concurrence internationale. L’Afrique, qui a été exploitée par l’impérialisme occidental pendant des siècles, devient l’une des puissances montantes du nouvel ordre mondial, développant la coopération avec de nouveaux partenaires comme la Russie, la Chine et la Turquie.
D’autre part, l’ancienne domination de la France diminue progressivement en Afrique, où elle continue de lutter pour son influence sous forme de coups d’État, de lutte contre le terrorisme et d’interventions militaires. Alors que les mouvements populaires contre l’impérialisme occidental et le colonialisme français montent souvent en répandant le sang. Pourtant, les manifestations contre la domination de la France ont entraîné un changement de pouvoir en Algérie (février 2019) et au Mali (août 2020). Lors de l’élection présidentielle qui s’est tenue en Côte d’Ivoire le 31 octobre, l’actuel Président Alassane Ouattara a remporté les élections avec une écrasante majorité des voix (94,27%), malgré les efforts des États-Unis et de la France pour le bloquer.
En décembre 2020, malgré les efforts de la France pour empêcher les élections en créant des troubles internes, l’actuel président Touadéra a remporté l’élection contre les plans des États-Unis-France en République centrafricaine.
Les relations françaises en Afrique de l’Ouest ont une dimension sécuritaire. Des rapports récents des services de renseignement affirment qu’al-Qaïda au Maghreb islamique et le soi-disant État islamique préparent des attaques terroristes, en particulier contre des cibles étrangères. En d’autres termes, la France assume une responsabilité en matière de sécurité que les autres pays pourraient avoir à assumer autrement. En tant qu’ancienne puissance coloniale, il est compréhensible d’avoir une sorte de coopération et de relations de proximité. Au Mali et en Côte d’Ivoire, il n’y a pas d’opposition solide contre la présence de la France. Il y a eu quelques manifestations contre la présence militaire de la France au Mali et en Côte d’Ivoire, mais l’exclusion de la France de la coopération sécuritaire augmenterait l’insécurité en Afrique de l’Ouest face à la menace croissante des groupes terroristes, dit Ceren Gürseler.
Cependant, la République centrafricaine peut être citée comme un exemple de stratégie différente. Depuis le début de son premier mandat, le Président Touadéra a investi ses efforts dans la diversification des relations diplomatiques et la mise en place de partenariats bilatéraux qui rendraient la République centrafricaine moins dépendante de Paris. L’un de ces nouveaux partenaires était la Russie, qui a offert une collaboration fructueuse dans différents domaines, y compris le secteur de la sécurité. Les instructeurs russes ont assuré la formation des forces de défense nationale, qui a complété les qualifications du personnel militaire centrafricain – une stratégie très différente de celle des pays occidentaux, qui préfèrent envoyer leurs troupes pour assurer la domination occidentale dans la région plutôt que d’aider les pays africains à développer leurs propres institutions. Lorsque le conflit postélectoral a commencé à se dérouler en République centrafricaine, le gouvernement et ses véritables partenaires étaient prêts à riposter aux ennemis de la paix et de la stabilité.
L’exemple de la République centrafricaine est de la plus haute importance pour tous les pays africains postcoloniaux, en particulier ceux de la région francophone, car il établit un précédent de développement d’un État indépendant, qui, malgré la longue histoire coloniale, est assez fort pour défendre sa souveraineté.
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