Ce vendredi, à Bangui, cinq chefs d’une milice centrafricaine impliqués dans la tuerie du 13 mai 2017 ont été condamnés aux travaux forcés à perpétuité. Dans l`ensemble, 28 accusés étaient jugés par la Cour criminelle du tribunal de Bangui pour les « crimes contre l’humanité, crimes de guerre, pillages et meurtres ». C`étaient surtout les 2 chefs du groupe armé Anti-balaka – Crépin Wakanam (ou « Pino Pino ») et Kevin Bere Bere (ou « Béré-Béré ») qui sont mis en évidence comme organisateurs du conflit. Cependant, « ce sont des exécutants, des petits chefs de bande, violents et dangereux certes, mais le carnage de Bangassou n’aurait pas été possible sans le soutien des politiciens de Bangui », prétend Enrica Picco, chercheuse spécialiste de la RCA.
Les 32 individus, assimilés à des Anti-Balakas, étaient jugés depuis le 15 janvier dernier à Bangui pour les violences commises entre les 8 et 13 mai, 22, 27 juillet et 26 novembre 2017 à Bangassou et ses environs, notamment le meurtre de plusieurs civils et de 10 casques bleus de la MINUSCA, les pillages et destruction d’habitations et de biens. Ces éléments armés avaient également attaqué le bureau de la MINUSCA à Bangassou en utilisant notamment des armes lourdes et forcé des milliers de civils à fuir leurs domiciles. La population musulmane du quartier particulièrement visé ce jour-là a essayé de se réfugier dans une église mais les assaillants ont continué l`attaque pendant 3 jours. En fin de compte, selon les données de l`ONU, le bilan de cette confrontation militaire s`élève à 72 morts, 76 blessés et 4 400 déplacés.
Malheureusement, c`est partout dans le pays que les groupes armés profitent des tensions interconfessionnelles pour dominer sur le territoire. Et c’est la population civile qui en souffre le plus. Pourtant, ce massacre-là (un des plus visibles et brutaux) ne restera pas impuni. « Par la décision rendue aujourd’hui, la justice centrafricaine marque son attachement à la lutte contre l’impunité », a souligné Mathias Morouba, président de l’Observatoire centrafricain des droits de l’homme et avocats des victimes.
Le verdict qui survient le lendemain de l`anniversaire des fameux Accords de Khartoum, n`est pas susceptible que d’un recours en cassation. La décision des juges centrafricains a été soutenue par des différentes organisations mondiales des droits de l`homme.