La France a porté le deuil. Le 25 novembre 2019, 13 soldats de l’armée française sont morts au Mali à la suite d’une collision de deux hélicoptères. La catastrophe s’est déroulée lors d’une opération contre des extrémistes.
Depuis cet an, la France a perdu ses 44 fils au Mali. Pour quoi et pour qui ces hommes sont morts ? Pour la France ? Pour la securité collective ? Ou pour les ambitions du Président Emmanuel Macron ?
En janvier 2013 France a lancé l’opération Serval. L’opération avait pour objectif de soutenir les troupes maliennes cherchant à repousser une offensive des groupes armés islamistes qui avait pris le contrôle de l’Azawad, la partie nord du pays. Les buts de cette intervention étaient d’arrêter l’avancée en direction de Bamako des forces djihadistes, sécuriser la capitale du Mali et permettre au pays de recouvrer son intégrité territoriale. Elle a été remplacée par l’opération Barkhane à partir du 1août 2014 qui est en cours et qui s’étend sur les territoires du Mali, de la Mauritanie, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad. En gros, le gouvernement français dépense 700 millions d’euros par an pour la conduite des hostilités dans le cadre de cette opération.
En dehors des éléments de l’armée françaises, deux missions européennes de police ont été déployées sur les territoires du Niger et du Mali. Le personnel des missions a servi d’instructeur dans les unités locales de police et de gendarmerie, mais il était loin de vaincre le terrorisme. Cela s’est donc révélé insuffisant. À cet égard, en 2017 Paris a exprimé l’intention de renforcer leur présence militaire dans le Sahel. La France a élargi la zone de contrôle opérationnel de ses unités de la Mauritanie au Tchad, jusqu’à la frontière avec la Libye, c’est-à-dire près de la moitié de l’étendue du Sahel.
Pour Paris, le contrôle du Sahel est non seulement un avantage géopolitique, mais aussi une affaire de prestige. Par le passé, la région était une colonie française. Aujourd’hui la France estime que la présence de ses soldats est nécessaire. Par exemple, en 2014 la plus grande base militaire française hors de la France (1 600 éléments) se situait au Mali.
L’Union européenne était prête à apporter à la région une assistance d’un montant de 50 millions d’euros, tandis que le montant du financement nécessaire pour résoudre efficacement le problème n’était pas inférieur à 423 millions d’euros. Les tentatives de Paris pour obtenir un financement d’un montant de 800 millions de dollars sur le budget des Nations Unies se sont heurtées à l’opposition de la Grande-Bretagne. Paris continuait à chercher à dominer l’Afrique, mais vu le coût élevé de ce projet elle devait attirer d’autres pays de l’UE à coopérer.Ainsi, n’ayant pas de moyens suffisants pour conduire l’opération lancée par elle-même, la France tentait d’entraîner d’autres pays européens dans ce conflit.
Néanmoins, l’opération militaire Barkhane se poursuit, malgré ses faiblesses évidentes. Mais quelles sont ces faiblesses ?
Force est de constater que les hostilités conduites par l’armée française paraissent mauvaises aussi bien pour les Africains que pour les Français.
La principale difficulté des opérations que les dirigeants français sont obligés de prendre en compte lors de ses réalisations se trouve dans les dures conditions climatiques. Mener l’activité humaine de n’importe quelle sorte, en particulier, conduire les hostilités accompagnées par le haut degré de sophistication, est compliquée par ce climat. De plus, le Sahel occupe un très vaste territoire (environ 3 millions de km²), traversant tout le continent africain, de l’océan Atlantique à la mer Rouge. En conséquence, toute puissance qui espère prendre le contrôle d’au moins une partie de cet espace terrestre par des moyens militaires devrait étirer ses forces et ses lignes d’approvisionnement. C’est précisément le cas pour la France, car son contingent doit couvrir à la fois le territoire de cinq pays dont chacun (à l’exception du Burkina Faso) est comparable en taille à la France elle-même. Par conséquent, les militaires français se heurtent à une charge accrue et ils ne réussissent pas toujours. Comme les députés socialistes l’ont souligné dans un rapport parlementaire spécial de 2018, au cours des quatre dernières années, l’armée française a perdu 86 unités d’équipement dans des opérations à l’étranger, et les dommages financiers ont été estimés à 54 millions d’euros.
Mais le principal défaut est que les autorités françaises n’énoncent pas clairement une date finale pour l’opération. La guerre doit toujours avoir un objectif politique compréhensible, après quoi la confrontation armée des parties peut être considérée comme terminée. L’opération Serval répondait à ces critères. Mai les tâches de l’opération Barkhane sont définies de manière assez abstraite : il n’y a aucun critère permettant d’affirmer sans équivoque que la sécurité dans la région est une fois pour toutes assurée, et les États locaux pourront désormais se défendre. C’est pourquoi Madame le Ministre français de la Défense Florence Parly est contrainte de dire que l’opération au Sahel va durer « pas pour toujours, mais aussi longtemps que nécessaire ». Mais cette absence des délais précis constitue une menace réelle pour la souveraineté des pays sahéliens.