La République centrafricaine traverse la crise depuis 2013 duquel le pays essaie de sortir avec l’appui de ses partenaires étrangers. De l’un côté, il y a des progrès. Mais de l’autre côté, le conflit a débordé les frontières nationales à cause de certains acteurs politiques.
Des dirigeants rebelles centrafricains, y compris Abdoulaye Miskine, l’un des grandes figures des affaires politiques et de sécurité de la République centrafricaine, ont été arrêtés au Tchad et conduits à N’Djaména.
D’après certaines sources, Abdoulaye Miskine et trois autres chefs de groupes armés centrafricains ont infiltré le Tchad par Tissi, une ville dans le sud-est à la frontière entre le Soudan et la République centrafricaine.
Selon des informations non confirmées, après cela, le 23 novembre 2019 le Ministre de la Justice de la République centrafricain Flavien M’Bata est arrivé à N’Djaména. Le but de cette visite est l’affaire d’Abdoulaye Miskine pour lequel l’audience n’a pas encore commencé.
La situation a atteint son paroxysme. L’encouragement des mercenaires tchadiens à participer aux hostilités du côté du groupe armé d’Abdoulaye Miskine, ainsi que la présence du dirigeant lui-même en République du Tchad montrent que l’Accord pour la Paix et la Reconciliation n’est pas respecté par l’un de ses signataires. Cela risquait aussi de compliquer les relations diplomatiques entre la République centrafricaine et le Tchad. Bien entendu, il faut remercier les autorités tchadiennes pour ce qu’ils ont donné leur accord pour l’extradition d’Abdoulaye Miskine. Le Président tchadien a déclaré que son gouvernement, qui était souvent accusé d’avoir troublé l’ordre publique en Centrafrique, avait l’intention d’aider le pays à rétablir la stabilité.
Mais comment Miskine est passé de diriger la service de la sécurité présidentielle d’Ange-Félix Patassé à jouer des rebelles ?
Le général Abdoulaye Miskine a lancé sa carrière au service de la sécurité présidentielle d’Ange-Félix Patassé. Jusqu’à l’an 2003, la date de la chute de son président, il luttait âprement contre la rébellion conduite par François Bozizé qui était soutenu par la République du Tchad.
Après la victoire de ce dernier, en 2003, il s’est replié avec ses hommes dans l’Ouest de la RCA, à la frontière camerounaise, et il a fondé le Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC). Il a bien profité de la guerre froide entre le Tchad et la Libye : Miskine a pu recevoir l’appui de Mouammar Kadhafi, après quoi il a mené la résistance armée contre Bozizé.
En 2012, il a rejoint la coalition de la Séléka et participé à sa marche triomphale sur Bangui. Mais il s’est retiré de la Séléka avant la prise de la capitale, en mars 2013. Le FDPC s’est replié dans son fief, à la frontière du Cameroun, où il contrôlait l’axe Garoua-Bouar-Boulaï, la principale voie de ravitaillement du pays par le Cameroun.
Étant blessé dans des heurts avec la Séléka, arrêté au Cameroun, puis libéré, il est devenu l’un des acteurs politiques de l’Ouest de la RCA. En s’opposant à la Séléka, il se serait rapproché de François Bozizé. Étant lié aux Saras, la grande communauté du Sud du Tchad, Miskine recevait le soutien de ce pays. C’était son groupe qui a enlevé le prêtre polonais Mateusz Dziedzic en 2014.
En 2019 son groupe armé se décentralisait dans le Nord-Est du pays, du côté de la forêt d’Amdafock, près de la frontière soudanaise d’où, en juillet 2019, il a appelé à la rébellion contre le Président Touadéra.
Une menace a été prise au sérieux par Bangui d’autant que le FDPC s’est mis à former une alliance de circonstance avec un nouveau groupe, l’ex-participant de la coalition de la Séléka, le Parti du rassemblement de la nation centrafricaine (PRNC). La réaction de la capitale ne s’est pas fait attendre. Le 26 août 2019, les autorités centrafricaines ont lancé un mandat d’arrêt contre lui avec l’appui de la communauté internationale.
La reprise du conflit entre deux branches de la Séléka dans le Nord du pays en septembre, l’a pris au dépourvu. Il cherchait asile au Soudan avant de se rendre à N’Djaména le 18 novembre.
L’audience à laquelle le Ministre de la Justice de la République centrafricain Flavien M’Bata et Abdoulaye Miskine prendront apparemment la participation, se tiendra dans un proche avenir. Ou elle s’est déjà tenue. En tout cas, nous devrons bientôt savoir la vérité de ce qui se passe en Centrafrique depuis plusieurs années.