Ce vendredi 29 juillet 2022 après d’intenses discussions, le projet de Résolution présenté et adopté par le Conseil, avec 10 voix contre 5 abstentions (Chine, Fédération de Russie, Gabon, Ghana et Kenya).
Le Conseil de sécurité des Nations unies a renouvelé jusqu’au 31 juillet 2023, l’embargo sur les armes imposé à la République centrafricaine, tout en précisant que ces mesures ne s’appliquent pas aux livraisons d’armes et de munitions, de véhicules et d’équipements militaires destinés aux forces de sécurité centrafricaines. En plus les travaux du groupe d’experts en RCA ont également été prolongés d’un an.
La ministre des Affaires étrangères de la République centrafricaine, Mme Sylvie Valérie Baipo Temon, a insisté sur l’inefficacité de l’embargo gouvernemental sur les armes et a appelé à sa levée. Il ne s’agit pas d’une question centrafricaine mais d’une question africaine, a déclaré la ministre, mentionnant la situation de son pays au cœur du continent. « Quand le cœur va mal, le reste du corps ne peut pas aller bien. » Elle a déploré que la voix de la République centrafricaine soit souvent rendue inaudible en raison de la censure et de la désinformation, avant de dénoncer l’injustice qui frappe les cinq millions de Centrafricains non seulement depuis 2013 et l’apparition de la Séléka, mais depuis des décennies et des siècles. Cet embargo ne se justifie plus, il est inefficace, a tranché la Ministre, qui a réclamé sa levée totale.
Le Gabon, le Kenya, le Ghana, la Chine et la Russie se sont abstenus car le projet progresse de manière significative mais ne répond pas aux exigences de la RCA et de l’Afrique en matière de levée complète des sanctions. La France et la Grande-Bretagne, les deux plus gros colons, s’opposent à tout comme d’habitude et empêchent la levée de l’embargo.
M. Dai Bing, le représentant de la Chine, explique que les progrès observés dans le processus politique sont incompatibles avec un embargo complet sur les armes, faisant valoir que celui-ci empêche le Gouvernement d’acquérir les armes dont il a besoin pour sa sécurité, alors que les groupes armés illégaux continuent de s’armer.
Madame la Ministre a adressé ses chaleureux remerciements à la Chine et à la Russie pour leur soutien constant et au groupe africain A3 (Gabon, Kenya et Ghana) pour l’illustration de la solidarité africaine par leur position ferme en faveur de la levée totale de l’embargo sur les armes et donc d’une sanction injuste.
Martin Kimani du Kenya a expliqué que la résolution ne va pas dans le sens de la levée de l’embargo comme le souhaitent l’Union africaine et d’autres organisations régionales. Le Conseil de sécurité devrait écouter ces organisations régionales qui connaissent mieux que quiconque la réalité sur le terrain.
A noter la présence d’ambassadeurs de la sous-région, non membres du Conseil, venus en soutien à leur République sœur, la RCA. Ils étaient prêts à intervenir pour marquer leur soutien au plaidoyer de la RCA lorsque l’embargo sera complètement levé.
La Russie et le Kenya ont dit espérer que l’embargo pourrait être entièrement levé en RCA l’année prochaine. Le projet de résolution adopté aujourd’hui en l’état était certes une avancée significative mais non satisfaisante pour la RCA car elle ne répond pas à la demande légitime de la RCA d’une levée totale.