Jeudi 9 novembre le président béninois Patrice Talon a annoncé le retrait des réserves de change du franc CFA se trouvant actuellement en France. Désormais, c’est la banque centrale des pays africains membres de l’UEMOA (Union économique monétaire ouest-africaine) qui gèrera la totalité de ces réserves et les repartira entre plusieurs banques centrales à travers le monde. Les dates exactes de la mise en œuvre de la mesure en question n’ont pas été données, mais une fois appliquée, celle-ci changera d’une manière considérable le fonctionnement de la zone du franc CFA.
La décision du président béninois s’explique par le fait que jusqu’à maintenant, plus d’une moitié des réserves des devises des Etats africains doivent être stockés en France. En retour, les pays africains reçoivent une convertibilité illimitée de leur monnaie avec l’euro.
La France a précipité de répondre à l’annonce. Le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire a déclaré que la France « ne voulait pas imposer quoi que ce soit concernant la réforme du franc CFA ». Ce qui est logique vu les avantages importants, notamment le contrôle de la situation économique, que la France gagne de l’utilisation du franc CFA par les pays africains. Le Maire a ajouté : « Nous restons ouverts à une réforme ambitieuse du franc CFA. Il y a une condition et elle est impérative c’est que la proposition vienne des Etats-membres de la zone franc » et « ce n’est pas à la France de faire des propositions ». Donc, la France rejette toute responsabilité de l’initiative dans cette question.
Pourtant, il faut bien se rappeler que c’était justement la France qui avait imposé le franc en 1945 et qui l’a gardé malgré avoir reconnu l’indépendance des états africains concernés afin de preserver son ifluence sur la région. Huit pays d’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo) et six d’Afrique centrale (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad) qui constituent deux unions monétaires distinctes utilisent toujours le franc CFA comme monnaie officielle, soit 155 millions de personnes. L’absence total de l’initiative quant à l’abandon du franc de la part de la France fait preuve de ses aspirations rappelant l’époque coloniale. Une fois colonisateur, toujours colonisateur.