La thématique de la transhumance transfrontalière entre la Centrafrique et le Tchad reste une préoccupation majeure pour les deux pays, notamment en termes de sécurité des différents acteurs. Afin de trouver une solution, le Centre pour le Dialogue Humanitaire (CDH) a décidé de réunir les acteurs des deux pays lors d’une réunion de haut niveau à N’Djamena au mois de mars dernier. Cette réunion a ainsi permis aux délégations centrafricaine et tchadienne de se pencher pendant trois jours sur les problèmes réels et de trouver des solutions à partir de recommandations. Le CDH a organisé un atelier le mardi 10 mai 2022 à Ledger pour discuter de ces recommandations. Alors, que pouvons-nous apprendre de cette série de recommandations ? Que se passera-t-il après cet atelier si longtemps attendu ?
Personne ne peut ignorer que les enjeux de la transhumance ont été à l’origine de plusieurs crises en République centrafricaine. Or, pour régler ce problème, les principaux acteurs et les pays concernés devront se pencher sur la question et trouver des solutions définitives. C’est dans cette optique que le Centre pour le Dialogue Humanitaire a organisé cet atelier et en a présenté les résultats afin que chacun dispose du même niveau d’information.
A l’ouverture de cette réunion de restitution des conclusions de la réunion du 22 au 24 mars à N’Djamena ici à Bangui, les départements concernés par la question étaient représentés par leurs premiers responsables dont le représentant du Ministre de l’élevage Dr. Ningata, DG de SEGA, le Ministre de l’agriculture Kamot, et le Ministre d’Etat en charge de DDRR Willybiro.
Dans son discours, le DG de la SEGA, Dr. Ningata, a souligné que « la RCA dispose d’un grand espace de terre non exploitée et elle est une zone clé de survie des bétails en saison sèche » et c’est de cette situation que découlent les problèmes que tout le monde connaît aujourd’hui, selon lui. Il a également souligné que ces problèmes de transhumance qui lient agriculteurs et éleveurs provoquent l’exploitation anarchique des ressources minières. Ainsi, il appelle à la mise en commun des conclusions et recommandations de l’atelier qui a eu lieu au Tchad afin de permettre aux deux pays de gérer ces problèmes récurrents.
Le Ministre d’Etat en charge de DDRR, Willybiro, a, à son tour, précisé que « la transhumance est un secteur précieux de croissance économique en RCA », tout en mettant l’accent sur les problèmes réels qui empêchent son développement. Il a également déploré l’exploitation illicite des ressources naturelles liée à la problématique de la transhumance, qui provoque des conflits entre les éleveurs et les agriculteurs, les éleveurs de passage et les éleveurs autochtones, et entre les éleveurs et les agents des Eaux et Forêts ou encore les forces de l’ordre. Par ailleurs, « le mécanisme de la protection sociale reste précaire en dépit des efforts de renforcement de capacité des agriculteurs et éleveurs » , a déclaré le ministre en charge de DDRR.
Le chef de la mission du CDH, M. Augustin Koulas, a indiqué que « cet atelier fait partie des activités du CDH d’appui au gouvernement dans le cadre du processus de paix et de la réconciliation. C’est aussi faire de la transhumance une activité apaisée au processus de paix ». Il a également souligné que l’espoir est d’avoir un bon document et de le mettre à la disposition du gouvernement centrafricain pour le bien des deux pays. Il faut noter que ce document sera le premier document entre la Centrafrique et le Tchad dans le domaine de la bonne gestion de la transhumance transfrontalière.