Le 21 décembre, Emmanuel Macron s’est rendu à Abidjan où il a rencontré le président ivorien, Alassane Ouattara. L’objectif de la visite est la réforme du Franc CFA. À la suite de l’annonce faite à Abidjan, huit pays d’Afrique de l’ouest, à savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo, ont décidé, conjointement avec la France, de signer un accord qui modifierait le fonctionnement de la zone Franc d’Afrique de l’ouest (UEMOA) et donc du Franc CFA. Six pays d’Afrique centrale, qui utilisent également le Franc CFA mais forment une zone monétaire distincte (CEMAC), ne sont pas touchés par cette réforme.
À sa création en 1945, franc CFA signifiait « franc des colonies françaises d’Afrique ». Après les indépendances des années 1960, le nom avait déjà évolué pour devenir « franc de la Communauté financière africaine », pour les huit pays d’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo). Mais ce nom restait perçu comme un symbole post-colonial. Le FCFA va devenir l’« Eco », qui est en fait le nom choisi pour la future monnaie unique des 15 pays de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
Raisons de la réforme
Les pays africains de la zone Franc estiment que cette monnaie est un vestige de la politique étrangère française – Françafrique. Malgré les déclarations de Macron pour établir de nouvelles rélations postcoloniales avec les pays africains, la réforme de la FCFA a longtemps été dans une position incertaine. Prenant en compte les manifestations récentes au Mali contre l’armée française et la croissance du sentiment antifrancais en Afrique et bien celui d’anti-franc, cette reforme semble être un os à ronger aux pays africains.
En outre, en vertu des accords de change en vigueur, les États de l’UEMOA sont tenus de conserver au moins 65% de leurs réserves de change à la Banque de France en échange d’une garantie de convertibilité avec l’Euro.
Une autre changement est la convertibilité et la dépendance absolues à l’Euro. Les économistes africains préconisent la fin de la parité fixe avec l’Euro et l’indexation avec les principales devises mondiales: le Dollar, l’Euro et le Yuan chinois, correspondant aux principaux partenaires économiques de l’Afrique.
Nuances de la réforme
Premièrement, la fin du dépôt des réserves de change en France. La BCEAO « n’aura à l’avenir plus d’obligation particulière concernant le placement de ses réserves de change ». « Elle sera libre de placer ses avoirs dans les actifs de son choix », selon la présidence française.
Deuxieme point, la France quittera les organes directeurs de l’Union monétaire ouest-africaine (UEMOA) où elle était présente.« La France ne nommera plus aucun représentant au conseil d’administration et au Comité de politique monétaire de la BCEAO ni à la Commission bancaire de l’UMOAE », a expliqué l’Elysée. Il s’agit de « désamorcer les critiques» selon lesquelles la France a continué à dicter ses décisions dans ces instances par l’intermédiaire de ses représentants, selon le palais.
Troisièmement, la parité fixe avec l’Euro Franc CFA, futur Eco (nom de la nouvelle monnaie), est maintenue (1 Euro = 655,96 Franc CFA). Cette parité fixe est pourtant l’une des caractéristiques du FCFA les plus critiquées par des économistes africains, selon lesquels l’arrimage à l’euro, monnaie forte, pose problème pour les économies de la région, beaucoup moins compétitives, qui ont besoin de donner la priorité à la croissance économique et à l’emploi plutôt que de lutter contre l’inflation.
Finalement, Paris conservera son rôle de garant financier pour ces huit pays.
Selon le président français, la réforme du Franc CFA est « une étape préliminaire» « dans la feuille de route du projet de monnaie unique de la CEDEAO ». Mais quand cette monnaie unique sera-t-elle vraiment lancée ? Et, si cette nouvelle monnaie favorisera le dévéloppement des économies des pays-membres de l’UEMOA.