Les vagues des protestations contre les éléments étrangers ayant commencé au Mali se multiplient en Afrique. Le Burkina-Faso et le Niger sont également touchés par cette vague de mécontentement populaire. Les habitants burkinabés et nigérians sont donc descendus dans les rues en réclamant le départ des membres des missions militaires étrangères. Pour eux, les raisons sont bien claires : l’absence de résultats dans la lutte contre le terrorisme, la souveraineté des pays sous menace et des intérêts cachés derrière les objectifs officiels, notamment l’accès aux ressources naturelles. Outre les éléments étrangers, les protestants accusent les gouvernements locaux de recourir aux services des soldats de la paix pour maintenir les régimes sur place.
« Nos Pères à l’Indépendance juridique se sont battus pour qu’il n’y ait pas de bases militaires étrangères dans notre pays. Rien ne justifie aujourd’hui la complicité flagrante, des gouvernants actuels, avec l’invasion militaire française au motif de lutte contre le terrorisme dont les résultats ne sont, nullement et d’aucune manière, visibles. Nous interpellons à cet effet les autorités à revoir la forme et le fond de la coopération militaire dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Aucun pays ne peut confier sa défense à un autre sans être le vassal de celui-ci », prônent les manifestants.
En effet, l’attention des missions militaires étrangères ainsi que des groupements terroristes est concentrée autour des territoires dont les sous-sols contiennent des ressources naturelles. Il y a donc de quoi se poser des questions.
En RCA la situation est un peu différente or les forces extérieures n’ont pas encore accès aux mines se situant dans le nord-est du pays. La présence des groupes armés vers la frontière tchadienne et soudanaise les empêchent, pour le moment, d’accéder aux richesses centrafricaines.
D’autre part, les politiques de « dialogue » que mène le gouvernement actuel contribuent à un rétablissement imminent du pouvoir légitime dans les localités occupées par les groupes armés. En outre, la création des Unités spéciales mixtes de sécurité (USMS), composées des FACA, FSI et en partie des anciens rebelles, devra faciliter le processus de la réconciliation nationale.
Néanmoins, la MINUSCA avec ses 13 milles casques bleus et des dizaines de postes de contrôle, dispersés sur tout le territoire de la république, représente aujourd’hui le principal obstacle. Elle est accusée de contribuer aux intérêts de Paris et de sa politique brute néo-colonialiste. Les déclarations de Mankeur Ndiaye, chef de la mission multidimensionnelle, et Nicolas de Rivière, représentant de la France à l’ONU, lors du dernier Conseil de sécurité à New-York témoignent des liens étroits entre Paris et la MINUSCA. Il s’agissait plus particulièrement de la nécessité de proroger le mandat de la mission qui se termine le 15 novembre et qui a été soutenue par la partie française.
D’ailleurs, si le mandat de la mission est prorogé, rien ne pourra empêcher la remontée de violences. Car, d’après ce que l’on constate, le rétablissement de stabilité ne rentre pas dans les intérêts de ces deux acteurs. On risque donc de voir se dérouler le même scénario qu’au Mali, Burkina-Faso et Niger.
La RCA peut dans ce cas s’adresser à des partenaires avec qui elle a des accords militaires. L’imposition de ces derniers dans le processus de règlement qui est exclusivement détenu par la mission onusienne et la France offrira l’opportunité de revoir les rôles attribués. Mais les faits parlent d’eux-même. Avec sa politique de non-intervention, la Chine ne fera jamais partie des opérations armées en Centrafrique ni ailleurs. Il ne reste que Moscou : l’intégration du contingent russe au sein de la MINUSCA pourrait dissoudre le monopole existant. Les négociations autour du renforcement de la mission grâce à une trentaine d’éléments sont toujours en cours, ayant commencé en mai 2019.