Le bilan de la commission conjointe ONU-UA-EU qui a séjourné à Bangui du 4 au 7 octobre parle de l’avancée de l’accord de Khartoum. Pourtant le discours du commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine (UA) Smail Chergui fait l’objet des critiques. De quoi s’agit-il ?
Aujourd’hui, l’UA chargée initialement de promotion des intérêts du continent dépend en grande partie des financements occidentaux, généralement des institutions européennes. Selon l’hebdomadaire JeuneAfrique, elles financent trois quarts du budget de l’organisation panafricaine, ce qui leur offre toutes les possibilités pour contrôler les activités de l’UA. En effet, ses fonctions s’accumulent aujourd’hui autour des intérêts de ses sponsors.
Smail Chergui en tant que commissaire à la paix et la sécurité de l’UA se voit obligé de prouver à la communauté européenne et africaine qu’il assure pleinement les fonctions qui lui ont été confiées. Il doit présentement affirmer que la stabilité dans les pays africains en conflit, dépendant directement de son département, est un fruit des activités progressistes de l’UA, même la réalité est beaucoup plus triste. Ainsi, le discours avec des rapports positifs et popularistes sur l’accord de Khartoum provient de la volonté de Chergui de garder son poste.
D’autre part, la position de l’UA devient clairement opportuniste depuis le début de l’année. Il suffit juste de suivre le changement de son approche à l’égard de l’accord de paix en RCA. Juste avant la rencontre entre le gouvernement centrafricain et les groupes politico-militaires à Khartoum en janvier 2019 I’ONU et l‘UA traitaient d’impossible le dialogue entre les deux parties. Même lorsque les négociations ont débuté dans la capitale soudanaise et les organisations y ont été désignées en tant qu’observateurs et garants, elles continuaient de critiquer la décision de Bangui de suivre cette démarche.
Pourtant, le temps passe et on s’aperçoit que la position officielle de l’UA à ce propos change radicalement, ce que l’on voit dans le discours de Chergui du 6 octobre : « Au terme de cette visite, la mission conjointe [ONU-UA-EU] se félicite des progrès réalisés dans la restauration de l’autorité de l’Etat, notamment avec l’installation de tous les Préfets dans les 16 préfectures, de la majorité des sous-préfets, des Comités techniques de sécurité (CTS), des Comités de mise en œuvre préfectoraux (CMOP), ainsi que du déploiement progressif des Forces de défense et de sécurité. » Serait-ce une bonne raison pour se féliciter des progrès sans avoir mis d’efforts dans leur réalisation ?
En réalité, le rôle du département de Chergui et de l’UA en général dans la mise en œvre de l’accord de paix est minime. Dans sa volonté d’agrémenter son apport dans le processus de paix en RCA et s’embellir ainsi devant ses sponsors européens, il s’appoprie des démarches effectuées par Bangui. En tout cas, par son approche, Chergui parlant au nom de l’UA détruit toute confiance que l’on avait à son égard.